Pygmus ?

Une médecine à base d'acrylique

 

Jamais ne sera déçu celui qui s'approche du monde magique et coloré de Pygmus car ce que son art dépeint est l'essence même de l'espoir.

Alors entrez ! Naviguez! Voyagez!

 

De prime abord, le Pygmus a un air sauvage. Mais s'il parle peu à ceux qui s'approchent de lui quand il peint, c'est qu'il a la timidité de celui qui ne veut pas gêner. Pour lui, le regard n'est pas à influencer. Ses images et ses sculptures s'adressent à la part positive de chacun et la façon dont elles agissent est une expérience aussi diversifiée qu'il existe d'êtres en notre monde.

Pourtant à le voir habillé en lutin des bois du troisième millénaire, drapé de couleurs, enroulé de bandelettes multicolores, il serait tentant de penser que l'homme aime à être vu et remarqué.

Qu'il attire l'attention est un fait mais ça n'est jamais que pour proposer une nouvelle possibilité d'être, pour inventer au quotidien des moyens de voyager à travers les différentes strates de la réalité (de notre dimension ou d'autres...). Et ce de manière positive.

 

Car on ne l'a lui fait pas. Très tôt il a compris que les mécanismes sociaux pouvaient mener à subir sa propre existence. Alors, il a saisi sa vie d'une main ferme et l'a emmenée vers d'autres possibles. C'est dans cette dynamique qu'à quinze ans, il quitte ses parents et part sur les routes se nourrir de musique, d'images et de rencontres ...

Plus tard, à peine majeur, il se passionne pour la photographie, pour le ciel et la lune. Il n'a pas le matériel suffisant pour capter l'astre mais s'en moque parce que ses filtres font naitre des images bien plus intéressantes que la froideur des clichés scientifiques. Cet engouement l'amène à fréquenter régulièrement le magasin du photographe situé en face du restaurant où il travaille. Il lie alors avec le propriétaire une amitié forte qui durera plus de trente ans.

Un jour qu'ils sont attablés ensemble, l'idée de faire appel aux esprits pour nourrir leur créativité est lancée. Quelqu'un, quelque chose, « le Groupe Go », leur répond que la peinture sera leur avenir. L'art médiumnique est né. Pendant des années, les deux photographes devenus peintres suivent les instructions que ces mystérieux guides, à travers l'écriture automatique, leur dictent. Il ne s'agit pas seulement de couleurs et de formes, la suggestion médiumnique va jusqu'au sens même de ce qu'ils créent. Et le message est très clair, il faut redonner de l'espoir aux gens.

Alors ils décident d'aller vers le public et commencent à exposer leurs toiles sur les marchés au milieu des étales de fruits et légumes. Ils sont rejoints par le fils sculpteur du Go Master, nouveau patronyme du condisciple de Pygmus et par la femme et mère devenue Manager. Leur groupe, les Magik'x sillonnera les marchés du sud-ouest pendant des années, proposant un stand coloré et porteur de bonheur. Les peintures et sculptures ainsi présentées attirent l'œil des passants comme une évidence, réussissant à toucher toutes les couches de la population. Il existe chez eux une véritable revendication d'art populaire. Et si leurs œuvres sont toujours montrées dans certaines galeries comme Singul'art à Lyon ou Alain Daudet à Toulouse, c'est majoritairement sur les marchés d'artisanat que le public a pu les rencontrer.

La mort du Go Master, en 2011 est une dure épreuve pour chacun des Magik'x.

Pour Pygmus, la solution est dans l'émancipation. L'aventure doit continuer mais sur un mode différent. Il quitte la famille et change de région.

Stylistiquement, sa création reste influencée par les thèmes qui le portent depuis ses débuts: l'émancipation, la science-fiction, la croyance en des mondes parallèles où la réalisation humaine est possible, où chaque être peut exister pleinement, où la folie est vertu... En terme de modélisation, son imaginaire s'illustre dans un espace sans dimensions où les formes s'amalgament, où ni le temps ni le relief n'ont de prise. Mais les formats se font plus imposants, la recherche se tourne vers une épuration des couleurs et une affirmation du trait.

Quelque chose en Pygmus mute.

C'est que comme tous les peintres de l'histoire, il est en recherche de l'image idéale, en quête de l'œuvre qui placera un point à la fin d'une longue phrase créative. Et cette poursuite, il l'applique également dans un autre champs artistique qu'il a amorcé il y a peu, celui de la sculpture. Car contre les maux de notre époque, Pygmus a créé des objets magiques permettant un passage en douceur vers des mondes meilleurs. Les Transmuteurs sont des assemblages d'éléments hétéroclites ramassés au fil de la vie. Ils sont liés entre eux par des bouts de tissus, de la peinture ou de la colle et forment de puissants moyens de voyage vers le beau, le doux, l'aimable... Comme l'ont fait aussi d'autres époques ou d'autres peuples, Pygmus fabrique des amulettes pour se prémunir des agressions. Ce qui fait que différencie sa démarche, c'est que c'est du monde réel dont lui se méfie... Il a bon espoir que 2012 changera la donne. En attendant, il offre humblement au monde un art quasi thérapeutique dans lequel il dépose tout ce qu'il a de meilleur.